Comme en 2012 et 2014, nous avons participé aux élections à Saint-Gilles avec Gauches Communes, liste de gauche unitaire soutenue par le PSL, le Parti Humaniste et la Campagne ROSA. Ainsi, nous avons pu préserver le travail accompli à Saint-Gilles depuis des années et la riche expérience que nous en avons tirée.

Par Nicolas Menoux, deuxième sur la liste Gauches Communes à Saint-Gilles.

Majorité PS-MR sanctionnée

A Saint-Gilles, les résultats expriment une petite révolution : le PS de Charles Picqué perd sa majorité absolue, le MR perd énormément de voix et passe de 6 à 3 sièges et le cdH sort, lui, du conseil. Ecolo-Groen consolide sa deuxième place et négocie avec le PS pour une majorité, la coalition historique entre les amis PS et MR s’apprête à disparaître. Mais c’est le PTB et son entrée au conseil à Saint-Gilles (4 sièges) qui constitue la véritable bonne nouvelle.

Gauches Communes : un facteur politisant à Saint-Gilles

Depuis des années, nous intervenons dans la commune plusieurs fois par an avec un tract thématique toutes-boites et, comme en 2012 et 2014, nous accélérons le rythme pendant la période électorale ; nous ne partions donc pas de nulle part. Et force est de constater que les problèmes n’ont pas changé : les pénuries sociales sont restées nombreuses dans nos quartiers.

Le programme de Gauches Communes chiffre ces pénuries et trace une voie pour les résoudre. Aucune autre liste sur Saint-Gilles n’a pris autant de temps et mis autant d’énergie militante pour expliquer et discuter son programme : 11 tracts thématiques prenant l’espace d’argumenter en profondeur ont été déposés dans chaque boite aux lettres de la commune et nous avons quotidiennement organisé des stands en rue pour discuter de la nécessité de construire 4 nouvelles écoles, 3000 logements sociaux et 30 crèches.

C’est Gauches Communes qui a pris le temps d’analyser le bilan de la majorité sortante en détail et qui a expliqué qu’une politique réellement progressiste devrait inévitablement briser les carcans budgétaires volontairement étouffants et lutter avec la population pour un plan radical d’investissements publics.

Tout ceci a joué un rôle moteur pour orienter les discussions et obliger les autres listes à intervenir sur ces thèmes. Pour les partis traditionnels, il était crucial d’expliquer que nous avions un programme irréaliste, tout en se devant quand même d’expliquer comment ils comptaient faire pour répondra aux carences. Notre campagne a permis que les idées de gauche conséquentes deviennent prédominantes et d’ainsi placer les partis de la gauche radicale dans une meilleure posture.

Le PTB a pu bénéficier de sa position nationale dominante à la gauche des partis traditionnels pour atteindre ce score à Saint-Gilles, mais Gauches Communes a accentué cette confiance pour voter à gauche. Le soir des élections, l’ancienne tête de liste Ecolo à Saint Gilles, Alain Maron, déclarait à propos du PTB à Saint-Gilles : ‘‘leurs conditions sont tellement incongrues : renoncer au cadre budgétaire et creuser les déficits et donc contrevenir à certaines règles qui viennent des traités européens mais pas seulement. (…) Certes il faut augmenter les logements sociaux, ce doit être une priorité, mais les chiffres qu’ils avancent sont bien souvent irréalistes. Aller faire 3000 logements sociaux, je dois dire, on ne peut pas le faire en claquant dans les doigts.’’

A Saint-Gilles, le PTB proposait de rénover 100 logements sociaux et d’obliger les nouveaux projets immobiliers d’atteindre 30% de logements sociaux. Les milliers de logements sociaux et la sortie des carcans budgétaires, cela figure dans le programme de Gauches Communes ! Belle illustration de l’impact que nous avons pu avoir dans le débat politique.

Nous avons récolté 2,28%, un score honorable, meilleur qu’en 2014 (1,12%) bien que nous aurions préféré disposer de notre premier élu. Nous reculons par rapport à 2012 ; à ce moment-là, le PTB n’avait pas encore réalisé sa percée remarquable de 2014. Nous sommes conscients que l’espace à côté du PTB était très mince et nous aurions préféré nous présenter ensemble. Alain Maron démontre une chose : les partis traditionnels ne rentreront pas en conflit avec les limites budgétaires injustes, quelle que soit l’urgence sociale. Nos besoins peuvent attendre longtemps, il nous faudra résister et nous pourrons compter sur Gauches Communes à Saint-Gilles à côté des 4 nouveaux élus du PTB.