Ce n’est pas à nous de payer les dettes
des spéculateurs.
Nationalisation des entreprises privatisées
et du secteur bancaire !
Pour un plan radical d’investissements publics
pour des intercommunales publiques
sous gestion démocratique de la collectivité
Par Pablo Nyns, pompier
& Julien Englebert, ouvrier dans la chimie
Pour des élus qui vivent sur le salaire moyen d’un travailleur
Le scandale du Samusocial est venu s’ajouter à une liste déjà longue, très longue… Un aspect a toutefois été encore plus écœurant : on parle ici d’argent qui a été directement pris chez les plus pauvres, dans les poches d’une association qui vient en aide aux sans-abris.
L’affaire Publifin-Nethys a, en quelque sorte, fait éclater la digue. Maintenant, l’eau arrive de toutes parts et les partis traditionnels ont bien du mal à garder la tête hors de l’eau. Il y a bien entendu la saga du Kazakhgate, qui a poussé Armand De Decker (MR) à la démission mais qui éclabousse jusqu’à Didier Reynders et Olivier Chastel. L’affaire Telenet dans laquelle a trempé le président de la Chambre Siegfried Bracke (N-VA). L’Electragate autour de l’intercommunale Ores – qui gère le réseau de distribution de gaz et d’électricité de toute la Wallonie à l’exception de la province de Liège (où il s’agit de Resa, filiale de Publifin-Nethys…) – qui aurait surfacturé le prix de l’électricité pendant plus de 20 ans. Le scandale de l’Intercommunale de Santé Publique du Pays de Charleroi (ISPPC) où la somme de 240.000€ aurait été détournée. Celui de Citydev, la société en charge du développement urbanistique de la Région de Bruxelles-Capitale, qui a été très généreuse (53.147,10€ bruts en 2016) avec le président de son conseil d’administration Denis Grimberghs (CDH). Ceux du CHU Brugmann, de Sibelga, des Cuisines bruxelloises, etc, etc.
Les affaires n’en finissent plus. Il est question de juteux systèmes de jetons de présence, de réunions non-justifiées, de gestion peu transparente, de rémunérations excessives, parfois purement et simplement de détournement de fonds, de népotisme et de favoritisme, de passe-droits et autres entorses à la loi. Selon Philippe Moureaux (PS), si les politiques ne gagnent pas assez d’argent, ils seraient dépendants des milieux d’affaires. Mais c’est tout l’inverse, les politiciens sont comme cul et chemise avec le monde des affaires. Le petit monde bien tranquille des politiciens établis est aujourd’hui visible pour ce qu’il est : un microcosme qui repose sur la cupidité et la soif de pouvoir. Contrairement aux politiciens, les candidats de Gauches Communes s’engagent à ne pas s’enrichir avec plusieurs mandats rémunérés et à vivre avec le revenu moyen d’un travailleur. Le reste sera entièrement consacré à construire et soutenir la résistance aux attaques antisociales.
Pour des intercommunales publiques sous gestion démocratique de la collectivité
Tout cela éclate après des années pendant lesquelles la population a dû se serrer la ceinture et avaler les mesures d’austérité les plus ignobles sous le prétexte que les caisses de la collectivité sont vides. Et, pourtant de l’argent, il y en a ! Les grandes entreprises et les plus nantis croulent sous les cadeaux et ne paient quasi pas d’impôt. Les politiciens à la base de cette approche ont dû se dire ‘‘il n’y a pas de raisons qu’ils soient seuls à se gaver à la mangeoire’’. Quand un travailleur commet une faute qualifiée de ‘‘grave’’, il peut être licencié et perdre ses droits aux allocations de chômage. Et tous ceux-là qui se sont servis sur notre dos ? Vont-ils seulement devoir rembourser tout l’argent qu’ils nous ont volé ?
La CGSP-ALR (Administration locales et régionales) de Bruxelles a diffusé un tract intitulé « Pas de moyens ? Plus d’argent ? … ça dépend pour qui ! ». Elle exige que « ce système d’enrichissement personnel sur le dos des usagers et du personnel des services publics doit s’arrêter immédiatement ! (…) Ce sont ces mêmes personnes qui, en réunions de négociation, osent nous répéter qu’il n’y a pas d’argent, pas de budget pour l’amélioration de nos conditions de travail !! » La CGSP-ALR revendique à juste titre une revalorisation salariale pour tous les travailleurs, une amélioration des conditions de travail, des engagements supplémentaires et la prise en compte effective du bien-être au travail, la statutarisation de l’ensemble du personnel, la fin des contrats précaires et la transparence totale des rémunérations des mandats politiques.
L’ensemble des partis traditionnels, en ce compris la social-démocratie et les verts, adhère à la pratique d’une gestion de nos intercommunales telle que dans le secteur privé et se concentre totalement sur la satisfaction de la cupidité des actionnaires privés. En Belgique, en 2015, les 323 intercommunales affichaient un chiffre d’affaire de 10 milliards € dont 906 millions pour Bruxelles[1]. Nous croyons pourtant que des secteurs comme l’énergie et autres peuvent et devraient être gérés par les communes, mais pour servir la communauté. Ils ne devraient donc pas prendre la forme d’entreprises semi-publiques qui fonctionnent exactement avec la même cupidité et les mêmes rémunérations excessives que les entreprises privées. Ils ne devraient pas non plus être utilisés par les autorités pour construire des structures floues dont le seul but est de distribuer des postes.
Nous avons besoin que les intercommunales soient mises sous le contrôle et la gestion démocratiques des autorités locales mais aussi du personnel et des usagers. Les mandataires ne doivent pas bénéficier de privilèges et la collectivité doit pouvoir leur délivrer leur C4. De même les élus doivent pouvoir être révoqués à tout moment par la population afin d’en finir avec leurs promesses électorales qu’ils ne respectent pas une fois les élections passées.
Stop aux augmentations des taxes communales sur la distribution de l’électricité, du gaz et de l’eau
La libéralisation de l’électricité en 2008 a entraîné une perte de dividendes annuelles de près de 200 millions € pour les communes belges. Les entreprises privées comme Electrabel, Lampiris/Total et Luminus font quant à elles des profits record. La privatisation ne permet pas aux consommateurs de bénéficier de prix et/ou de services plus avantageux, que du contraire. La facture énergétique en 2015 est de 133€. En 2016, 20% des ménages bruxellois ont reçu une mise en demeure par leurs fournisseurs. 24.829 ménages vivaient avec un limiteur de puissance et 4.674 demandes de résiliation de contrats ont été introduites auprès des Juges de Paix. D’autres ménages limitent leur consommation, parfois dangereusement, pour éviter l’endettement. Cette situation concernerait 9,8 % des ménages[2].
Mais ce sont aussi les coûts de la distribution qui ont fortement augmenté depuis 2008 : ils correspondent à environ 40% de la facture de gaz et d’électricité. A Bruxelles, la distribution de l’énergie est aux mains de l’intercommunale SIBELGA, contrôlée à 70% par les communes. Depuis la libéralisation du secteur, les communes bruxelloises ont décidé qu’elles voulaient de plus en plus de revenus provenant de SIBELGA afin de compenser les pertes de la privatisation aux profits des fournisseurs privés. Nous payons cela avec des factures toujours plus élevées ! Entre 2008 et 2012, la commune de Saint-Gilles a doublé ses revenus annuels sur le gaz et l’électricité de 2,6 millions € à 5,3 millions €. Ainsi, chaque Saint-Gillois a payé en moyenne 110€ de taxes cachées chaque année (redevances voiries, obligations services publics, dividendes,…) sur sa facture d’énergie !
Idem pour la compagnie intercommunale des eaux, Vivaqua, où les tarifs ont augmenté de 60% en 10 ans. Rue du Cornet, rue cardinal Mercier, Chaussée de Louvain,… La liste des chaussées effondrées à Bruxelles s’allonge à cause du manque d’investissements. Le réseau de canalisations d’eau est encore composé de matériaux en fonte âgés de plus d’un siècle tandis qu’un quart du réseau d’égouttage est à remplacer et rénover complètement. La remise en état va coûter 1,5 milliard €. Les autorités veulent étaler les investissements nécessaires sur 20 années. A ce rythme-là, beaucoup de trous vont encore apparaître. Ce coût sera encore reporté sur nos factures ou nos contributions. La non-nomination et l’introduction de toujours plus de contractuels préparent la possibilité de privatisation. La privatisation, idée chère aux libéraux, est un scénario cauchemardesque. A Londres, le secteur privé néglige la réparation des nombreuses fuites de canalisation pour maximaliser ses profits. En conséquence, le gaspillage est énorme et la nappe phréatique endommagée.
Vivaqua en chiffres :
– Chiffre d’affaires en 2015 : 292,4 millions €
– Rémunérations des mandats en 2016 d’Yvan Mayeur (PS), de Jacques Oberwoits (MR), de Cathy Marcus (PS) et d’Oscar Dubru (MR) : 65.000 €
– Salaire de la directrice en 2017 : 249.298 €
Nous assistons à une volonté de privatisation de la part de plusieurs communes bruxelloises (dont la majorité saint-gilloise) de Brutele pour rembourser la dette des communes. Pourtant, Brutele rapporte 200.000€ chaque année à Saint-Gilles (L’Echo 08/08/2017). Et les politiciens disent pouvoir en tirer plusieurs dizaines de millions €, alors que Brutele est évalué à plusieurs centaines de millions € !
Ils ont spéculé avec l’argent de nos communes
et nous font payer la note !
Il y a quelques années, des majorités communales ont participé au casino spéculatif avec l’argent de leur commune, plombant ainsi les budgets suite à la liquidation du Holding Communal et la faillite de Dexia. Comme pour les autres niveaux de pouvoir, les communes ont épongé les dettes des banques sur le dos des travailleurs et de la population.
Le conseil d’administration de Dexia était rempli de politiciens. Pourtant, cette société maximalisait le risque pour obtenir un rendement élevé. A travers le Holding Communal, les communes belges détenaient 14% des parts de Dexia. Avec la faillite de la banque, tous ces investissements ont été perdus. Pire encore : en 2008, il a été demandé aux communes de mettre de l’argent sur la table pour sauver la banque en difficulté. La commune de Saint-Gilles a encore augmenté sa participation de 4 millions €. Tout cet argent a maintenant disparu. Pire encore : la commune a payé chaque année 500.000€ pour un prêt qu’elle a conclu pour l’opération de sauvetage… un prêt contracté chez Dexia !
Coût de la faillite de Dexia = 400€ par Saint-Gillois !
Qu’en est-il des pertes pour le budget ?
– 2 millions € annuels de dividendes
– 500.000 € annuels de remboursement du prêt pour la recapitalisation de 2008
La commune a ainsi perdu 2,5 millions € annuellement avec le fiasco Dexia !
Après la crise financière de 2008 et le sauvetage de Dexia, le gouvernement a entrepris la scission de la banque : une “bad bank” Dexia qui concentrait les dettes et actifs toxiques d’un côté et la création de Belfius de l’autre. Aujourd’hui, le gouvernement veut reprivatiser Belfius, ainsi les dettes toxiques restent dans la bad-bank Dexia et la partie à nouveau rentable serait revendue pour une bouché de pain au privé. Nous ne voulons pas d’une socialisation des pertes des banques pour les reprivatiser ensuite ! Nous voulons un secteur financier public, une nationalisation complète du secteur bancaire, avec des compensations seulement pour les petits actionnaires et les familles, pas pour les grands actionnaires ! Nous voulons un secteur financier qui offrirait des crédits bon marché aux petites entreprises et commerçants, et une place sécurisée pour nos épargnes. Nos épargnes pourraient ainsi servir de source de financement d’un plan radical d’investissements publics pour la création de logements sociaux, de crèches et d’écoles en suffisance et non servir à la spéculation et aux profits exorbitants des grands actionnaires !
Une politique reposant sur le non-paiement de la dette publique (dont 5% est détenue par les communes) dont les intérêts correspondent à plus de 10 milliards € par an, une renationalisation de l’ensemble des entreprises privatisées dont les secteurs de l’énergie et des télécommunications, la mise sous propriété publique des banques et des secteurs stratégiques de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité permettraient la mise en œuvre d’un plan radical d’investissements publics. Un tel plan pour la rénovation complète de nos canalisations, routes et tunnels, des bâtiments scolaires aux musées, pour des transports publics gratuits et de qualité, pour davantage d’enseignants et moins d’élèves par classe et pour des services de qualité permettrait de créer des dizaines de milliers d’emplois décents, en favorisant le pouvoir d’achat et une véritable relance de l’économie dans l’intérêt des tous !
[1] http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/a-quoi-servent-les-intercommunales-en-belgique-reponse-en-6-temps-infographie-588b9af7cd70ff671dd61945
[2] Pauvérité numéro 17
Participer
De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une vraie représentation des travailleurs et de leur famille.
Nous voulons défendre cette idée lors des élections communales. Nous devons refuser l’application de l’austérité à tous les niveaux de pouvoir !
Soutenir
Contrairement aux partis établis, nous ne disposons que de peu de moyens financiers.
Nous ne pouvons pas compter sur de riches amis ou sur des industriels. Nous comptons sur votre contribution.
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